Entretien avec Cyril Chain, Président de CIE-France : la CIE et le CIE-France, statut et missions

SOMMAIRE

Présentation du CIE-France
Les relations avec la CIE et l’AFE
Les missions de CIE-France auprès de l’AFE et de la CIE
Comment travaille le CIE-France ?
Qui peut participer au CIE-France ?
Les travaux en cours ?
L’intégration des travaux de CIE-France dans le monde de l’éclairage
Retour sur le centenaire de la CIE de 2013
Comment définiriez-vous la place de la France dans la recherche et la connaissance scientifique de l’éclairage ?
Composition du bureau de CIE-France
L’activité de la Commission Internationale de l’Eclairage

 

 

Portrait de Cyril Chain, Président CIE-France

–  Pouvez-vous nous présenter le CIE-France ?

CIE-France est le comité national miroir de la Commission Internationale de l’Éclairage, la CIE. Il a été fondé en même temps que la CIE, en 1913, et a porté divers nom. C’est en 2009, lors de la fusion avec l’AFE, que le nom CIE-France, très explicite, fut retenu.

Actuellement, CIE-France dispose d’un fonctionnement qui lui est propre, avec un bureau composé des Directeurs nationaux des divisions de la CIE, d’experts complémentaires (souvent d’anciens Directeurs de division), d’un secrétaire général et d’un Président, fonction que j’occupe actuellement (Voir encart en bas de l’article).
 

–          Quelle est sa relation avec la CIE ? Avec l’AFE ?

CIE-France est reconnu comme comité national par le Bureau Central de la CIE, ce qui lui confère des droits et des obligations. Ce sont les missions principales de CIE-France, qui n’ont pas changé avec la fusion entre CIE-France et l’AFE (2009). Son fonctionnement non plus n’a pas été modifié.

La fusion avec l’AFE encourage davantage à soutenir l’ancrage scientifique et technique de l’AFE en faisant bénéficier  l’association de l’expertise des membres de CIE-France ainsi qu’une dimension internationale aux missions de l’AFE. C’est pour cette raison que l’AFE a désigné CIE-France comme son comité scientifique, dont les missions doivent être développées avec Michel Francony, Président de l’AFE et Alain Azaïs, Délégué Général de l’AFE.

CIE-France s’est investi en France dans une mission importante : la diffusion et la vulgarisation des connaissances scientifiques au sein du public professionnel français. Il s’agit essentiellement d’organiser des conférences deux fois par an, présentant des travaux récents ou décrivant de nouvelles publications de la CIE sur un sujet. (Voir plus bas)

Cette diffusion des connaissances se retrouve également dans la participation de ses membres à divers groupes de travail, notamment ceux de l’AFE, ce qui a justifié de son rapprochement, dans des interventions en conférences ou autres démarches de formation, dans la rédaction d’articles dans la presse spécialisée et dans l’expertise apportée sur des guides et productions de documents de référence.

–          Vous avez explicité les missions auprès de l’AFE. Quelles sont les missions de CIE-France auprès de la CIE ?

Il est important de distinguer les missions en tant que comité national miroir de la CIE de celles qui viennent en complément.

En tant que comité miroir de la CIE, CIE-France rassemble les experts français qui participent aux comités techniques de la CIE. Ces groupes de travail ont pour objectif d’établir des rapports techniques et quelques normes CIE, qui sont des documents de référence sur l’état des connaissances scientifiques sur un sujet au niveau international.

Ces documents, avant d’être édités, sont soumis à l’approbation des comités nationaux. Ainsi, CIE-France est consulté en phase finale de chaque rapport technique et doit voter sur le projet. Il arrive que CIE-France vote négativement et demande des compléments ou corrections sérieuses, comme ce fut le cas dans le cadre du TC 5-21 sur les plans lumière qui avait produit un rapport technique ne développant que trop les enjeux sociaux, les usages et les usagers ainsi que la concertation.

Enfin, CIE-France participe pleinement aux événements de la CIE, dans l’organisation de conférences et symposium labellisés CIE, mais également dans la définition des orientations stratégiques de la CIE par une représentation au bureau et lors l’assemblée générale de la CIE.

La CIE travaillant en étroite collaboration avec l’ISO dans le cadre d’édition de normes internationales. CIE-France est par conséquent un membre français indispensable du TC274 de l’ISO « Lumière et éclairage », créé en 2012. Actuellement, il s’agit de définir le cadre de travail du comité technique et sa complémentarité avec l’activité historique de normalisation de la CIE (même si cela représente une activité mineure par rapport à l’édition des rapports techniques (Voir l’encart en bas de page). Aucun groupe de travail portant sur un projet de norme n’est toutefois été créé à ce jour.

–          Comment travaille le CIE-France ?

Le bureau de CIE-France se réunit 4 à 6 fois dans l’année, selon la densité de l’actualité. Nous faisons un état des lieux des votes sur publication mais aussi sur les décisions et votes proposés par le Bureau Central. Nous échangeons également sur les projets de normalisation (Afnor, CEN, ISO), sur la participation aux comités techniques, les possibles succès et difficultés à travailler avec nos collègues internationaux pour aboutir à un consensus sur un sujet.

Pour faciliter tout ce travail, CIE-France a repris l’organisation de la CIE sous forme de sept divisions, deux  « fondamentales » sur la vision, la couleur et la mesure des rayonnements ; les cinq autres étant des divisions dites « appliquées » à l’éclairage intérieur ou extérieur aux bâtiments, aux effets biologiques de la lumière et à la technologie des images.

Chaque division est représentée par un Directeur national de division en charge de suivre l’activité des adhérents et d’avoir une vision sur l’ensemble des comités techniques de la CIE couverts par sa division. Il participe aux réunions de division de la CIE et doit établir annuellement un rapport d’activité qui est présenté lors de l’assemblée générale. Chaque membre français d’un comité technique de la CIE est tenu de rendre compte de son activité au bureau.

Enfin, les réunions de bureau sont l’occasion de définir les conférences à venir, leurs thématiques, d’identifier les intervenants potentiels.

–          Qui peut participer au CIE-France ?

Tout expert menant des études et des expérimentations en lien avec les sujets des comités techniques de la CIE peut participer et devenir membre de CIE-France. Il doit pour cela adhérer à l’AFE et solliciter le bureau de CIE-France. Il devra ensuite nous tenir informés de ses activités et des discussions qui se tiennent dans les comités auxquels il participe.

–          Quels sont les travaux en cours ?

Ils sont nombreux, extrêmement nombreux car l’actualité s’ouvre incontestablement sur de nouveaux enjeux (santé, environnement…) et de nouvelles technologies (LED, OLED, outils de métrologie, écrans et reproduction des couleurs…). On dénombre actuellement 112 comités techniques actifs à la CIE ! Ils ont pour mission d’établir de nouveaux rapports techniques ou de réviser ceux qui sont devenus obsolètes. A ces comités techniques s’ajoutent les travaux des rapporteurs qui capitalisent les informations sur un sujet afin de juger de l’opportunité d’ouvrir un nouveau comité technique.

C’est un travail colossal, sur des sujets très riches et parfois si singuliers. Pour vous donner quelques exemples de sujets porteurs ces dernières années, citons la révision de la notion de rendu de couleur, mettant en évidence la désuétude de nos indices IRC pour des projets d’indices plus pertinents sur la fidélité des couleurs ou sur leur discrimination.

La vision mésopique et les sujets touchant au circadien ont largement été débattus dans les divisions fondamentales et appliquées aux projets d’éclairage.

Enfin, l’éclairage intelligent, la prévention des nuisances lumineuses et les phénomènes d’éblouissement sont pleinement d’actualité. Personnellement, je suis très actif sur les questions de vieillissement du système visuel et de malvoyance, ainsi que sur les questions liées à la caractérisation photométrique des matériaux.

L’expertise française sur ces sujets est importante et reconnue par les autres pays.

–          Le CIE-France travaille sur de nombreux dossiers. Comment ces derniers s’intègrent-ils dans le monde de l’éclairage ?

CIE-France tient à faire bénéficier au maximum les professionnels de l’éclairage de ces informations essentielles. Cette action est menée au travers de présentations d’études et de publications récentes, mais surtout par la participation aux guides et recommandations qui sont établis au niveau national. Il n’est donc pas étonnant de voir la participation active de Jacques Lecoq, Directeur national de division 5, dans la révision des recommandations de l’AFE, ou d’Eric Dumont, Directeur national de division 4, dans la relecture des guides du Cerema, ou encore de Françoise Viénot, Directrice nationale de division 1, dans les rapports sur la santé produits par l’ANSES.

–          Y-a-t-il un exemple de document CIE-France que les professionnels utilisent souvent dans leur pratique quotidienne ?

Tout professionnel de l’éclairage connaît et utilise des fondamentaux de la CIE, que ce soit en colorimétrie, en photométrie des luminaires, en étalonnage des écrans de visualisation… Toutefois, la CIE produit souvent des documents qui recensent l’état de l’art, souvent très poussés dans l’expertise. Si parfois ils n’ont pas pour objet une utilisation directe par les exploitants d’installations, par exemple, ils constituent des bases à la recherche et à l’activité de normalisation (CEN, AFNOR) et de recommandations (AFE, Cerema, Isfttar, CSTB…)

–          Le centenaire de la CIE a eu lieu en 2013. Pouvez-vous nous dresser un bilan de cet événement ?

Il s’agit d’une commémoration majeure tant dans l’histoire de la CIE que dans la reconnaissance de la communauté scientifique française en matière de lumière et d’éclairage. Nous avions choisi de la positionner sur l’idée d’une liaison entre le passé et l’avenir, d’où le titre donnée « Towards a New Century of Light / Vers un nouveau siècle de lumière ».

Il s’agissait d’établir plusieurs événements étalés sur 8 jours et 3 soirées : la conférence du centenaire à proprement parler, un symposium sur la vision des couleurs en hommage à Yves Le Grand, un atelier destiné aux doctorants et jeunes docteurs dans nos disciplines, les réunions techniques des divisions et comités techniques de la CIE, ainsi que les réunions administratives liées à la vie de la CIE. Des visites de Paris la nuit et de musées ont rythmé toutes ces rencontres, laissant la large place aux échanges informels et à l’ambiance sympathique que méritait cette célébration du Centenaire. Je dois souligner le souhait fort d’ouvrir nos portes aux étudiants, et nous nous réjouissons de ce succès.

L’organisation était confiée à CIE-France et l’AFE, avec le partenariat du CNAM, du Museum national d’Histoire naturelle, de la RATP, du Certu/Ministère de l’Ecologie. Un événement placé sous le haut patronage du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

La qualité des échanges scientifique a été saluée, de même que l’organisation festive de la semaine, par de nombreux participants et en particulier par la Présidente de la CIE et du Président du comité scientifique international en charge du programme de la conférence du centenaire.

Pour voir la présentation du centenaire de la CIE, cliquez ici.

–          Comment définiriez-vous la place de la France dans la recherche et la connaissance scientifique de l’éclairage ?

La France tient une place honorable et respectée dans la recherche et les propositions de recommandations et de prescriptions, tant à la CIE qu’au CEN puis à l’ISO, dès la création de ces deux instances. De plus, la France dispose d’un héritage prestigieux de chercheurs dans le domaine de la photométrie et de l’optique. Actuellement, le dynamisme autour de l’éclairage est toujours très vif, dans les laboratoires, dans les universités, dans les services R&D des entreprises, dans les services techniques des collectivités territoriales. CIE-France représente un carrefour indéniable pour fortifier des convictions auprès de nos partenaires étrangers. Le Centenaire de la CIE en 2013 a notamment permis de confirmer une position française indiscutable sur la scène internationale.

Nous sommes donc attendus, et je suis très optimiste quant à nos capacités à répondre et être présents, considérant le haut niveau de compétences de nos experts et le dynamisme de notre bureau actuel. Je tiens à tous les féliciter pour leur participation active .

COMPOSITION DU BUREAU DE CIE-FRANCE

Des présentations sont attachées en lien à chaque division. Nous vous invitons à les consulter.

Président : Dr. Cyril Chain

Secrétaire Général

Alain Azaïs (Délégué Général de l’AFE)

 

Les Directeurs nationaux de division

–          Division 1 : Vision et couleur

Prof. Émérite Françoise Viénot, qui prépare la transition avec le Dr. Sophie Jost

–          Division 2 : Mesure de la lumière et des rayonnements

Dr. Gaël Obein

–          Division 3 : Éclairage intérieur et conception en éclairage

Dr. Dominique Dumortier, qui prépare la transition avec le Dr. Yannick Sutter

–          Division 4 : Éclairage et signalisation pour les transports

Dr. Éric Dumont

–          Division 5 : Éclairage extérieur et autres applications

Jacques Lecocq

–          Division 6 : Photobiologie et photochimie

Coralie BARRAU,Essilor/Institut de la Vision

–          Division 8 : Technologie des images

Prof. Christine Fernandez-Maloigne

Note : la division 7 n’existe plus

 

Les experts complémentaires

Robert Sève, Dr. Christophe Martinsons, Dr. Michel Perreaudeau,  Jean-Jacques Ezrati, Prof. Marc Fontoynont, Dr. Pascal Bourdon

Pour voir la présentation synthétique de CIE-France, cliquez ici.

 

L’ACTIVITE DE LA COMMISSION INTERNATIONALE DE L’ECLAIRAGE

Vous pouvez consulter la diapositive de présentation de la CIE ici. 

– 211 rapports techniques,
– 26 normes internationales disponibles aux éditions (CIE et ISO/CIE)
– Une quarantaine d’actes de conférences et symposium labélisés CIE
– Le vocabulaire international de l’éclairage mis en ligne sur le site de la CIE (e-ILV) : http://eilv.cie.co.at/